Le lagon de l’espoir

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Conservation

En plein coeur du Pacifique,
à la recherche des coraux du futur

© La Caz’A Productions

Les récifs coralliens pourraient avoir disparu avant 2050. Inéluctablement, la température de nos océans augmente, entraînant peu à peu le déclin de cet écosystème d’exception et menaçant directement un quart des espèces marines de la planète. En quête de solutions, une équipe de scientifiques s’intéresse de très près à un petit atoll dans le Pacifique. Contre toute attente,  une cinquantaine d’espèces de coraux résistants au réchauffement climatique s’épanouissent dans l’enceinte de son lagon. Isolé du reste du monde, ce petit point de sable perdu au milieu de l’Océan pourrait se révéler être un véritable coffre-fort biologique.

L’atoll de l’espoir ©Alexis Rosenfeld
Un atoll à la géomorphologie Unique

Dans l’archipel des Tuamotu, en Polynésie française, l’atoll de l’espoir fait figure d’exception : contrairement à l’immense majorité de ses semblables, il est dépourvu de passes ce qui réduit considérablement le brassage entre les eaux océanique et lagunaire. À marée haute, seuls quelques chenaux de faible profondeur – les hoas – permettent à l’eau du large d’alimenter le lagon. 

Cette géomorphologie unique impacte non seulement la prolifération des espèces – les larves restent “emprisonnées” dans l’enceinte du lagon – mais aussi la température. “Du fait du manque de  brassage, la température de l’eau est plus importante à l’intérieur du lagon, explique Laetitia Hédouin, chargée de recherche au CNRS-CRIOBE. Elle devient également bien plus variable avec parfois des écarts de 3 à 4 degrés en une journée contre environ 0,5 degrés à l’extérieur. Ce sont des écarts très conséquents !

Au coeur du lagon, un coffre-fort biologique

Ces conditions thermiques “extrêmes”  sont normalement incompatibles avec la présence de coraux. Dans cet atoll, les règles du vivant semblent toutefois bien différentes : en dépit des températures élevées, le lagon s’est mué en un coffre-fort biologique au sein duquel de nombreuses espèces de coraux semblent vivre depuis des millénaires. Le constat est d’autant plus surprenant que les bénitiers – eux aussi dépendants de leur symbiose avec les zooxanthelles – n’ont pas survécu à l’épisode de réchauffement climatique qui a touché la région en 2016. 

Si les coraux de l’atoll résistent si bien aux températures du lagon, il semble que ce soit avant tout le fruit d’une longue évolution. “L’hypothèse la plus plausible, c’est que le fait d’avoir été soumis à une telle variabilité ait permis aux coraux de développer des mécanismes de résistance, explique Laetitia Hédouin. Ensuite,c’est tout un processus de sélection naturelle qui fait que les meilleurs gagnent”.

Un espoir pour les récifs coralliens

Sur place, Laetitia et son équipe continuent à étudier le fonctionnement de ces coraux pas comme les autres. Une nouvelle mission, prévue très prochainement, permettra d’apporter davantage de réponses, mettant notamment à l’épreuve la capacité de ces coraux à survivre dans un environnement différent. Lors de cette mission, les scientifiques tenteront d’effectuer la première grande colonisation assistée de corail en déplaçant plusieurs échantillons dans un autre archipel.


“Dans ce contexte de crise pour les récifs coralliens, trouver des populations thermotolérantes est extrêmement important” estime Laetitia Hédouin. Perdu au beau milieu du Pacifique, ce petit atoll des Tuamotu représente en effet un véritable motif d’espoir : dans l’enceinte de ce lagon presque semblable à mille autres vivent peut-être les coraux du futur et avec eux, la perspective d’assurer un jour la résilience des récifs coralliens.

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