La Vallée aux mille Roses

Récifs coralliens

En Polynésie française, l’un des plus grands récifs profonds au monde.

© La Caz’A Productions

Dans le cadre d’une mission 1 OCEAN / UNESCO, une équipe menée par le photographe Alexis Rosenfeld et la scientifique Laetitia Hédouin ont effectué plusieurs plongées d’envergure sur un récif corallien profond en plein cœur du Pacifique. Doté d’une couverture corallienne exceptionnellement élevée, ce site revêt une importance majeure pour les chercheurs : il pourrait s’agir de l’un des plus grands récifs profonds au monde, dans un état de conservation inégalé.

© Alexis Rosenfeld
L’un des récifs profonds les plus vastes au monde

Il s’agit d’un décor à perte de vue, recouvert de ces coraux en forme de roses géantes qui tapissent le fond. Elles me font penser à l’œuvre d’un grand couturier. “ nous décrit Alexis Rosenfeld. Immanquablement, ce récif unique semble inspirer à celui qui l’observe un indescriptible sentiment de magie.

Depuis novembre 2021, l’équipe de 1 OCEAN menait une mission d’exploration en Polynésie française. Des scientifiques du CNRS – CRIOBE accompagnaient les plongeurs en quête de sites d’exception, encore préservés des menaces environnementales et de la pression anthropique.

Au cours de cette mission d’exploration, les plongeurs et les scientifiques ont effectué plusieurs plongées sur un site d’exception : un récif profond (35-80 mètres) dont les limites exactes sont encore à découvrir. L’état actuel des recherches fait état d’une étendue de presque trois kilomètres mais seule une infime partie de la côte a pu être explorée lors de cette expédition. Si les estimations des scientifiques s’avéraient exactes, il pourrait s’agir de l’un des plus grands champs coralliens profonds “pristines” au monde.

Une découverte scientifique exceptionnelle

Pour la première fois, des chercheurs venaient observer ce paysage hors du commun. Pour Laetitia Hédouin, le site pourrait s’avérer précieux dans l’optique d’une meilleure compréhension des systèmes coralliens : “C’est assez exceptionnel d’observer à ces profondeurs ce champ corallien à perte de vue, avec des spécimens qui peuvent atteindre deux mètres de diamètre, et qui ne présentent pas de signes de stress ni de maladies.”

En effet, s’il est fréquent de rencontrer d’immenses récifs à quelques mètres sous le niveau de la mer, de telles étendues sont plus rares en profondeur. Le corail est un animal qui vit en symbiose avec la zooxanthelle, une micro-algue qui vit dans ses tissus. Elle lui apporte 90 % de l’énergie dont il a besoin pour vivre. Or, cette algue produit cette énergie grâce à la photosynthèse. Elle a donc avant tout besoin de lumière et c’est la raison pour laquelle les coraux vivent majoritairement dans des zones proches de la surface.

Cependant, les coraux sont des animaux thermosensibles et le dérèglement climatique représente un grand danger pour ces récifs de surface, particulièrement exposés aux variations de température. Environ un quart des récifs coralliens mondiaux auraient déjà subi des dégâts irréversibles et deux tiers seraient gravement menacés. A terme, les récifs coralliens tels que nous les connaissons pourraient être amenés à disparaître.

Toutefois, en profondeur, leur destin pourrait être différent. Pour Laetitia Hédouin, “la taille des colonies coralliennes et leur état de santé quasiment intact suggèrent qu’elles ont été épargnées de la pression anthropique ces dernières décennies. Cette découverte confirme que nous avons une vision très parcellaire des récifs coralliens. Il existe dans les profondeurs des récifs uniques, encore préservés des menaces environnementales, qui pourraient avoir un rôle clé dans le futur.”

Cette mission a pu être réalisée grâce au soutien de l’UNESCO mais aussi grâce à l’intervention de nombreux partenaires et spécialistes. A souligner : l’implication particulière de Gilles Siu, ingénieur au CRIOBE, qui nous a informés de l’existence de ce site absolument exceptionnel et sans qui cette mission d’exploration n’aurait pu avoir lieu.

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