En 2022, la Colombie a atteint l’objectif de 30% d’aires marines protégées fixé par l’UICN, en agrandissant le Sanctuaire de faune et de flore de Malpelo, une petite au large de la côte Pacifique. Classée Patrimoine mondial de l’UNESCO, Malpelo est particulièrement connue pour accueillir d’incroyables populations de requins.

À 400 kilomètres au large des côtes colombiennes, Malpelo ressemble à première vue à un rocher aride et inhospitalier. Dépourvue d’habitants, cette petite île est l’unique sommet émergé d’une longue crête océanique : la dorsale de Malpelo. Sous la surface, on trouve une succession de monts sous-marins, de grottes, de tunnels et de murs abrupts qui plongent jusqu’à près de 4000 mètres de fond. 

Malgré ses dimensions modestes (3,5 km2), l’île est un véritable point de rassemblement pour la macrofaune marine et accueille l’une des plus importantes concentrations de requins au monde. Requins soyeux, requins marteaux, requins baleines… Ces espèces menacées par la surpêche semblent avoir trouvé à Malpelo un habitat idéal. 

Dirigée par la biologiste Sandra Bessudo, la Fondation Malpelo veille au respect de l’interdiction de pêche et à la préservation de la zone, protégée depuis 1995. Elle supervise également le suivi des requins et de leurs déplacements via des balises à ultrasons et des balises satellites placées sur les animaux. Grâce à ces systèmes, les scientifiques ont notamment pu observer ces dernières années une migration régulière des requins marteaux entre Malpelo et le continent où les femelles donnent naissance à leurs petits. 

Cette étroite surveillance des migrations a conduit les gouvernements colombien, équatorien, costaricain et panaméen à bâtir ensemble le Corridor marin du Pacifique tropical oriental, un réseau d’aires marines protégées calqué sur les routes migratoires de la région. Il s’agit d’une collaboration inédite en faveur de la protection de la biodiversité.